FETISHGEISHA

D’histoire d’Ô à Histoire d’I ou l’inverse :

Ce texte est très inspiré de certains dialogues que j’ai eus ces derniers temps et d’une expérience de la vie d’un autre couple, rencontré il y a fort longtemps.

Pour de nombreux hommes soumis, la notion de dominatrice est immuable, sorte d’icône, de statue vivante pétrifiée à jamais dans sa superbe.

Cette vision de la femme est quasi névrotique comme ce type de femme, supérieure jusqu'à nier sa propre existence de femme, faite de sensibilité, d’émotion et de capacité au changement.

Le marquage au fer m’avait appris une chose, il y a quelques années: que rien n’est certain dans ce monde, rien n’est sûr, le fantasme d’un jour peut disparaitre à tout jamais et d’autres émerger de manière abrupte comme ce marquage que m’avait demandé S, et que je refusais naguère…

Nous changeons, nous évoluons, nous bifurquons….signe que nous sommes vivants et conscients de l’être.

La valeur d’un acte n’a de raison que parce qu’il s’inscrit dans l’instant, dans cet infini qu’est le présent. On ne touche l’absolu du doigt,  ni au passé, ni au futur, on ne le touche qu’à un moment, et c’est justement là que réside sa préciosité.

L’être de valeur est mouvance, adaptation et changement. La vie m’a appris que très peu d’êtres ont le courage de se remettre en question, d’avancer hors des sentiers battus….d’être eux-mêmes tout simplement….pour des milliers de moutons panurgismes, combien d’êtres que je qualifie d’exception ont su tracer leur voie, unique et sublime, changeante parfois, faite de découvertes, d’aléas et d’incertitudes ? Très peu sans doute…combien ont affronté leurs peurs, leur néant intérieur, accepté leurs souffrances pour ce qu’elles sont, un outil irremplaçable de changement et de transmutation de l’être.

Certains ont sublimé leurs passion dans l’art, dans la méthode, dans la thérapie, dans l’art thérapie ou le corps comme outil d’élévation….beaucoup ne peuvent pas comprendre et regardent, du haut de leurs certitudes, ces papillons envolés….

La grande majorité pensent que « moi Tarzan, toi Jane…moi Dom…toi soum  »….forme de raisonnement binaire qui convient particulièrement à un ordinateur et sûrement très mal à un être humain…

Pour beaucoup de pratiquants, le Sm est une activité binaire, répartie entre deux camps très distincts….comme dans la vie,  il faut cocher les cases, comme dans la vie, on ne peut tricher , on ne peut changer, on ne peut varier…comme dans la vie on est immuable….et à force de certitudes, on finit par tellement s’enquiquiner qu’on quitte la scène….combien de soirées où l’on sait forcément ce qui va se passer, combien de certitudes alors que le Sm pose en lui-même ce besoin de questionnement, d’incertitude, de surprise ?

J’aime les surprises, j’aime le rêve, je déteste être à une place…parce que les autres ont décidé que je doit y être.

Bien sûr, dans ma vie de tous les jours, je suis un leader, une décidante, une meneuse, parce que je l’ai toujours voulu….mais dans ma vie privée ma vie intime, j'ai aussi le droit d’être différente.

Le monde sm est un univers symbolique, fait de sensibilité et de partage, de découverte de soi avant tout. Pour beaucoup, on doit justifier nos actes….alors que le sm est avant tout un acte sexuel de la sphère privée…. Et lorsque l’on me dit que l’on ne peut tout être aujourd’hui je dis faux, archi-faux il suffit de le vouloir, il suffit d’aimer et…d’être aimé…un peu de passion, un peu de frisson, sortir des sentiers battus, tout simplement pour accepter d’ouvrir d’autres pages différentes mais au combien importantes…

Hier, dominante de l’extrême, aujourd’hui incapable de reproduire ces actes si appréciés…plus envie tout simplement…envie de glamour et de tendresse, de changer de peau aussi, de sensualité pour moi, de sensations pour moi….

Bien sûr j’aime le Shibari, mais même là j'ai  besoin d’une pause…surtout pas envie de rentrer dans une sorte de concours avec certains…un plaisir ludique amateur et sensible, de toute façon j’ai une sainte horreur des concours et des médailles en chocolat….

Parfois souvent un acte d’amour aussi…alors peu importe le sens où il s’exerce, peu importe le chemin qu’il prend, peu importe les actes, le refus des autres et leur jugement de valeur…l’essentiel est ailleurs….

L’essentiel je l’ai trouvé un jour….après 10 ans de pratique, un matériel faramineux accumulé, je lui dis « c'est dans tes yeux que j’aime le plus me regarder » retour au point de départ, retour à l’essentiel….ce besoin de fusion à l’autre parce qu’il est ce dont nous avons le plus besoin, nécessairement…relation fusionnelle, névrotique, psychotique même parfois, bon et alors…..

Aujourd’hui ma quête n’est plus l’accumulation, n’est plus de mettre la barre toujours plus haut….elle est de retrouver ce que je suis, vivre mes sensations pour ce qu’elles sont et les accueillir en toute simplicité, sans me poser de question inutiles et tenter de me préserver des ronces qui bordent le chemin.

Ce texte a été écrit en hommage à deux êtres d’exception rencontrés il y a bien longtemps, des passionnés de l’extrême…vivants, terriblement vivants…la vie a fait que nos dials. se sont espacés….j ai appris, il y a peu que leur vie avait changé brusquement, avait basculé…mais ce basculement  peut sembler important de prime abord, il m’a semblé profondément secondaire eu égard à ce qu’ils sont…peu importe leurs rôles respectifs, ils sont intelligents et sensibles, passionnés, authentiques et vrais….et surtout ce qui a profondément touché mon cœur…leur couple a su traverser les affres du chemin et sortir victorieux de nombreuses embûches….félicitations à  eux d’être simplement eux-mêmes. Le plus important dans l’histoire …n'est-ce pas de se noyer dans le regard de l’autre….et peu importe son rôle.