Pour un ami : 

Au fil du temps, de nos échange,s de nos écrits, une amitié profonde a vu le jour….faite de partages, d’échanges et de compréhensions mutuelle….c est un peu comme un grand frère, un cousin, une personne à qui je tiens…je l’ai aidé parfois…il m’a aidé souvent à comprendre…nous parlons la même langue, celle des gens venus d’ailleurs, celle de ceux qui ne se contentent pas de regarder mais veulent comprendre, veulent bouger les choses, se parfaire et avec eux parfaire le monde…idéalistes au grand cœur souvent noyés dans notre pragmatique souffrance d’être, avec nos doutes et nos certitudes, nos questions et nos complétudes…..Simplement te dire merci de nos échanges….

Je te dédie ce texte, comme a un ami sincère et précieux : 

Lorsque j’avais 12 ans je suis partie visiter la Thaïlande avec mes parents…c est un pays merveilleux, des paysages magiques la douceur de vivre. Mon père avait pris un taxi pourri dans le nord….il voulait visiter le triangle d’or. Il voulu ignorer Phuket et ses plages à la mode, il me fit découvrir le Pont de la rivière Kwai, les cimetières américains et je fus terriblement émue en constatant la jeunesse des soldats et ces croix blanches à perte de vue ….une des raisons profondes qui me font haïr la guerre. 

Mais c’est à Bangkok que je vis la chose la plus étrange qui soit….

Le Buddha d’or. 

Au début des années 30, des travaux d'aménagement des berges du fleuve Chao Phraya, près du quartier Chinois de Bangkok, nécessitèrent la destruction d'un vieux temple abandonné qui contenait une Statue de Bouddha en stuc doré. Comme il était hors de question de détruire la Statue, malgré son aspect peu attrayant, il fut décidé de la transférer au Wat Traimit, une Pagode sans importance comme il en existe des centaines dans la ville afin qu'elle reste dans le quartier Chinois. Le temple n'avait pas de bâtiment susceptible de la recevoir et la statue resta 20 ans dehors sous un simple toit de tôles.

En 1955, un nouveau bâtiment ayant été construit, les Moines décidèrent d'y installer la Statue. Une grue devait la déplacer avec précaution, mais malencontreusement une élingue céda et la statue chuta dans la boue. Ce mauvais présage effraya tout le monde et après une fuite générale, la statue se retrouva abandonnée sur le terrain. C'était la saison des pluies, et comme pour donner raison aux mauvais augures, un formidable orage se déchaîna toute la nuit, noyant la ville sous des trombes d'eau.

Au petit matin, le supérieur de la pagode revint quand même évaluer les dégâts, il commença à essayer de laver la statue des traces de boue mais remarqua que le stuc détrempé s'était fendu et laissait apparaître un métal brillant. Après quelques investigations on s'aperçut que sous le stuc, la statue était en or massif. Cette nouvelle fit le tour de la ville, assurant au temple une renommée, une richesse et une fréquentation jamais démentie depuis.

En fait cette statue est la plus grandiose œuvre en or massif réalisé jusqu'à nos jours. Elle a une hauteur de 3m et un poids de 5,5 tonnes d’or massif. C'est la plus grande statue en or au monde. Elle est travaillée dans le style de Sukhothai (1238-1370) mais aurait pût être fabriquée postérieurement. Sa provenance de l'ancienne capitale Ayutthaya interdit cependant d'envisager une date postérieure à 1750 environ..

On suppose que la statue provenait d'Ayutthaya, un lieu hautement religieux mais assiégé par les Birmans friands de rapines. Pour protéger cette oeuvre d’art colossale, les moines ont alors réalisé une étonnante supercherie pour dissimuler la vraie nature de la statue sous une épaisse couche de glaise….malheureusement le sanctuaire fut le théâtre d’un abominable carnage humain et aucun des moines gardiens ne survécut….la statue, ensevelie dans sa gangue de plâtre tomba dans l’oubli durant plus de 200 ans…..elle fut transportée à  Bangkok comme un objet de culte un brin encombrant mais la religiosité des moines empêchant sa destruction, elle fut reléguée dans l’oubli….

Aujourd’hui elle brille dans un temple…et sa valeur est inestimable….c’est sans doute l’un des plus beaux joyaux du monde…du haut de cette splendeur Bouddha contemple avec des yeux brillants comme une invitation à  nettoyer la glaise qui recouvre notre âme pour enfin voir briller la lumière pure de l’inaltérable….travailler sur soi c’est cela….gratter et détremper la croûte pour atteindre le pur métal et enfin retrouver notre vrai visage….

J’avais oublié cette image, je l’ai relue il y a quelques minutes dans un livre « bouillon de poulet pour l’âme » et j’ai repensé à mon émerveillement d’enfant....Nous sommes ainsi sous le plâtre de nos errements.....merci à toi