De DOMINATRICE a FETISH GEISHA….
Difficile de faire le parallèle entre ces deux conceptions de la femme qui peuvent sembler aux antipodes….antipode de l’esprit, antipode géographique….antipode culturelle…et pourtant de très
nombreux rapprochements étaient possibles…. L’une comme l’autre ayant forcément le goût du souffre.
L’imaginaire masculin se structure sur un clivage définitif et irréconciliable, la mère, Marie dans l’iconographie religieuse et Lilith, la femme obscure, l’amante.
L’amante est la femme objet de fantasme, quelle que soit son expression. Elle peut être « bimbo américaine », call-girl, soumise, blackette, pin up, Dominatrice, geisha…. son
image est au service de l’homme…pas forcément son rôle d’ailleurs…
L’image oui…et c’est cette notion d’image et d’exploitation de l’image de la fantasmagorique qui crée l’excitation…..
La Dominatrice est la femme hautaine et impérieuse qui impose à l’homme soumis ses désirs et les jeux dont elle décide la teneur…..
Voici donc une définition relativement simple de la Maîtresse.
Image d’Épinal…..
Le rapport de force serait donc en faveur du Dominant au détriment du soumis…..
De fait l’analyse emblèmatique de la relation laisse apparaître rapidement d’autres composantes…manipulation mentale, jeu de rôles, jeu d’intrigues sont souvent le lot de ce lien
complexe qui unit la femme à son sujet….
Dès lors il convient d’aborder le questionnement sous l’angle psychologique: qui est l’objet?…. qui est le sujet?…..
Elle incarne la mère terrible, la mère de l’ombre….. avec l’envie de la mère aimante… punition service pour le rêve d’un instant de tendresse…..
Icône dans le panthéon des galeries, la maîtresse n’a plus de forme, elle n’est plus charnelle, elle est une image…et c est cette image, clivée de sa réalité charnelle que le soumis demande de
raviver et de combler des terreurs ataviques….
La Maîtresse est rarement sexuelle….posant ainsi l’interdit fondateur de l’inceste, tabou nécessaire a l’édification de l’âme
……car la transgression du tabou empêche le développement de l’être, l’accession à sa propre individualité adulte, à sa propre réalité…..le soumis est, l’espace du jeu, un enfant
dépendant d’une mère dont il prône la toute puissance….toute puissance héritée des archétypes du féminin et des grandes déesses mères….
Mais qui domine vraiment du Maître ou l’esclave ? Qui détient le pouvoir ? Derrière ces jeux d’ombres et de miroir….La femme, du haut de sa toute puissance…ou l’enfant par le jeu
manipulateur et pervers que trop souvent il va mettre en place ?
Qui est l’objet, qui est le sujet……bien souvent le soumis est le sujet…et la Dominante l’objet…objet des fantasmes de l’autre…soumise au désir de l’autre…soumise aux pulsions de l’autre…enfermée
dans un rôle qu’elle avait choisi mais dont à un moment elle ne peut plus forcément se départir…..
Le risque psychologique de noyade est très fort pour la Dominante et de très nombreuses femmes sombrent dans une problématique dont elles ne peuvent elles-mêmes identifier les composants, les
enjeux et les risques.
Mal-être, frigidité, homosexualité partielle ou totale, mal de vivre puis fuite, médicaments, alcool et désespérance…sont bien souvent le lot de ces femmes qui n’ont pas toujours su poser un
regard éclairé sur leurs actes ou sont allées trop loin….
Le Mythe de la Dominatrice renvoie à celui de Marilyn Monroe…femme belle et fragile…adulée…comblee ravie….belle…ô combien belle…mais terriblement seule….terriblement triste….et son statut
d’icône était un piège qui s’est refermé sur elle…
Je vous offrirai ce que vous voudrez maîtresse, dit un soumis…..et la maîtresse le regarde……et répond « une orgie pour mon corps qui réclame » et le soumis d’ajouter » enfin
maîtresse pas vous ce n’est pas possible, vous ne pouvez pas, vous êtes au dessus de cela »
Le soumis offre son corps à la Domina à condition que celle-ci l’utilise dans le cadre de l’imaginaire du sujet, dans la logique du sujet, bref elle se met au service du sujet…..
Elle est domina, elle est maîtresse…..mais elle n’est plus femme….elle n’est plus libre….prisonnière d’un jeu et d’un rôle qu’elle a elle-même mis en place, elle a rarement la possibilité
d’identifier la sortie du jeu….
Le jeu entre la domina et son soumis est un jeu de masques….on fait comme si…..mais personne n'est dupe et surtout pas le soumis, d’où son amertume…..car il rêve d’autre chose…..
La DRESSEUSE se situe dans une autre logique.
La base est consensuelle, un jeu que l’on qualifie de commun….ou chacun avance vers l’autre…..et ou le chemin est arpenté de concert…ni l’un ni l’autre n’est dupe que l’inégalité est feinte…..
Le Dressage ne peut se vivre en permanence, il doit se vivre à l’exceptionnel, instant précieux déconnecté du temps, de l’espace et des contraintes familiales matérielles de tout ordre.
Qui a vécu un instant de dressage ne peut l’oublier…la porte s’ouvre vers l’alchimisation de l’être….
Par le coté séquentiel et ponctué, le Dressage s’inscrit dans une réalité différente. Entre chaque instant, la dresseuse peut se poser, endosser d’autres rôles (parfois même celui de la soumise,
ou de la soumission sexuelle, ou de la libertine pour décompresser et remettre à niveau ses propres énergies car le Top perd beaucoup d’énergie en dominant)
Le Dressage a cela de particulier qu’il marque d’une empreinte indélébile l’âme du sujet…..donc…une fois l’esprit marqué, le Top n’a plus qu’à jouer de ses acquis ….d’autant plus fort que
l’empreinte aura été puissante…..
J’ai été une Dresseuse, je le suis encore….prendre l’autre veut dire le marquer…non pas dans la chair non pas de son sang…mais dans ce qu’il a de plus précieux et de plus vulnérable…son esprit…
Je me méfie de ma capacité à poser sur l’autre ma patte indélébile, je n’accepte que très rarement et pour des raisons bien spécifiques et identifiées…même s’il a pu m’arriver de jouer du corps
des autres…je refuserai de dresser une personne qui ne serait pas mienne
Le Dressage est un acte intime, volet clos d’une maison dont les portes doivent soigneusement être gardées…..il y a peu de limites dans le dressage…..le consensus éclairé, la sécurité, la
majorité des personnes sont mes seuls garde-fous….
Le Dressage ne se montre pas, il se vit….
LA FETISH GEISHA :
La fetish geisha n’est pas une dresseuse, elle peut l’être mais c’est un autre volet de sa personne….
La fetish geisha tire son origine de la Tsou soujie, femme de l’art.
Avant toute chose, elle est cultivée intelligence, rieuse, capable d’animer une conversation, elle pratique l’art du verbe, des mots et les jeux de l’écrit.
Elle maîtrise les subtilités de l’esprit et sa compagnie est délicieuse……
Elle aime l’art, la danse et connaît la parure….
En rupture avec le rôle traditionnel la fetish geisha est une femme libre, parfois tatouée ou percée, qui assume dans la modernité un comportement plus traditionnel…la fetish geisha a un peu
dépoussiéré le kimono, revu à la lecture de l’imaginaire masculin le comportement traditionnel de la geisha…..mais comme elle porte le besoin atavique de plaire et de subjuguer à
l’instar de la dominatrice…..
La fetish geisha est en général une pratiquante shibari de haut niveau……
Chaque fetish geisha est unique….et se positionne dans cet environnement selon des codes qui lui sont propres…des lors elle n’est plus soumise au dictat vestimentaire de l’autre…..elle
choisit, elle impose…elle positionne son propre jeu…..La geisha doit changer au cours d’une soirée 3 fois de kimono…la fetish geisha…peut être bien adopter ce jeu de tenues…qui sont autant une
invitation à des changements de rôle…..jeux de scène…jeux de maquillage….
Mais ce changement n est pas neutre il n’est pas gratuit…chaque tableau sera une invitation à vivre un instant SM ou shibarisé…la tenue n’étant là que pour renforcer l’impact de l’instant et
la beauté de la femme…..
La geisha n est pas soumise à l’homme, de toute la société traditionnelle japonaise c'est la plus libre des femmes….
Alors que la Dominatrice devient prestataire de sévices dans bien des cas, la Geisha fetish admet de constat qu’elle est au service du plaisir de l’autre…..l’autre n'est pas soumis…il devient
complice d’un jeu qu’il aura identifié mais que la geisha aura élaboré et mis en place…la mise en place des fantasmes de l’autre….tel est à mon avis le rôle inhérent à la geisha…..
Jeu de corps, jeu SM, jeu de cordes, jeu d’esprit….voici simplement résumé l’idéal que je me fais de la fetish geisha
Mais pour parvenir à cette sensibilité, la geisha doit connaître la sensualité humaine et les subtilités de l’esprit, l’art de la domination, l’énergétique et avoir un profond goût du voyage
et de la culture d’ailleurs.
Un esprit curieux de tout, réactif, une imagination débordante sont à mon avis les clefs de la réussite d’une fetish geisha…..
Les fetish geisha sont rares….mais passer entre leurs mains reste un moment privilégié….un instant de grâce, suspendu en plein vol ou l’être se regarde lucidement….et décide de vivre ce qu’il a
envie d’incarner et d’aller au bout du chemin qui mène à son imaginaire……
La geisha porte la lumière, dans des habits d’ombre ou de lumière…..et l’initié qui la suit a les yeux bandés…il la suit en toute confiance….
La geisha ouvre la porte…..elle ouvre la porte d’un monde aux lueurs clair obscur….à l’énergie poignante….un monde fait de rêve et de réalité …un monde de beauté…un monde d’authenticité…..
Je ne suis rien….
Mais je porte la lumière….
Et les ténèbres intérieures seront à tout jamais éclairées par cette lumière…..